Narration mon amour

La narration (storytelling en anglais) est au cœur même de la communication interhumaine et de la relation sociale. C’est même ce qui différencie principalement l’homo sapiens des autres espèces.

Quelle que soient les espèces du monde du vivant et leur fabuleuse diversité, toute forme de vie possède des similitudes universelles. On reconnaît enfin aujourd’hui le caractère émotionnel des animaux. Et l’on sait que les arbres ou tout végétaux, comme n’importe quelle espèce animale également, communiquent entre eux. À leur façon.

Quant aux humains (nous autres donc), alors que la « conscience » a toujours été le principe définissant notre différence avec les autres espèces – même si cela est bien relatif –, il est une démarche, ou plutôt une habitude, qui caractérise principalement notre comportement et habille notre vie quotidienne d’émotions : la NARRATION.

Partager des histoires est typiquement humain

On n’a jamais vu un lion raconter à un tigre : « J’ai épousé une lionne sensas qui m’a fait quatre lionceaux, mais on en a perdu un après qu’il soit tombé dans un ravin ; il n’a pas pu remonter et on n’a rien pu faire. Depuis sa mère est inconsolable. Mais figure-toi qu’elle a adopté un bébé puma perdu, et aujourd’hui, elle sourit à nouveau. Ça t’en bouche un croc, hein ? « 

Sauf bien sûr à entrer dans l’imaginaire de Disney ou d’autres animations, livres et bandes dessinées bien anthropomorphiques…
Petite, j’ai moi-même dévoré toute l’œuvre de Beatrix Potter et de Jean de Brunhoff.

Vous aurez beau placer votre chat devant un livre, pour faire rire votre galerie instagramesque, il ne vous lira par un chapitre, il ne vous résumera pas l’histoire. Sur ce coup-là, il va être patient avec vous, jusqu’à ce qu’il réclame un câlin et/ou de quoi manger.

De même qu’il ne vous racontera jamais comment, après plusieurs heures d’escapades, il est parvenu à vous déposer une taupe devant l’escalier…

Lire aussi : Le récit, notre plus fidèle ami

L’humain a besoin de récits comme il a besoin d’amour

Respirer, boire, manger sont les fonctions vitales de base de tout être humain. Rapidement talonnées par le souci (le besoin) de sécurité, de confort – un toit, des habits, de la chaleur, de l’amour, des amis, du partage.

Cette notion de partage peut se traduire de différentes manières. La narration, le fait de raconter des histoires en est une composante fondamentalement récurrente. Particulièrement liée au rapport social.

L’art et la culture, les héros de films ou de livres, tout ce qui permet de vous évader ou de vous projeter, de vous faire rire ou pleurer, réfléchir, d’être ému(e) ou simplement de passer un bon moment ; oublier ses malheurs, chercher une comparaison ou bien trouver une source d’inspiration, de motivation.

Partager une histoire est une façon de se rassurer sur sa propre existence. Notre imaginaire ou notre vécu (beaucoup de films ou livres à succès sont d’ailleurs issus d’histoires vraies) sont véritablement l’essence qui fait fonctionner le moteur à « réactions »… émotionnelles.

Au cœur du réacteur se trouve la fameuse narration. Notre forte inclination pour ce que l’on appelle souvent aujourd’hui le storytelling, n’a rien d’étonnant, encore moins de magique.
Et si la sphère commerciale s’en est vite emparé – relire l’histoire de la publicité –, ce n’est pas pour rien.

Narration mon amour !

Notre passion pour la narration est liée à notre condition même de simple homo sapiens, conscient de notre court passage terrestre.

Étudiée depuis finalement fort peu de temps, notre relation psychologique avec les histoires reste une exploration infinie et infiniment intéressante. Un phénomène addictif, mais qui n’a rien à voir avec le sucre ou autre substance dopante.

Et si elle relevait tout simplement d’un besoin de mettre en perspective sa condition humaine ?

Le livre de Vincent Jouve est très éclairant sur cette question qui revient souvent :
Pourquoi aime-t-on les histoires ?

 

Laisser un commentaire